Les premières traces de l'existence de fromages remontent à environ 5 000 ans : des documents sumériens représentent la traite des vaches et le caillage du lait. On y remarque déjà une vingtaine de fromages frais différents. En Suisse, près de Neufchâtel, des moules à caillé datant de 3 000 ans av.J.-C ont été découverts. En Egypte, dans une tombe d'un Pharaon, des urnes vielles de 4 500 ans contenaient du fromage. La théorie la plus répandue sur "la découverte" du fromage : le transport du lait dans des outres faites de l'estomac de certains animaux. "Par hasard", le lait s'est retrouvé caillé, et ceci dû à la présure (enzyme) contenue dans l'estomac des jeunes ruminants.

 

 

 

 

 

 

Les origines du fromage

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On pense que le fromage est apparu en même temps que l'élevage, à l'époque néolithique, c'est à dire 7 000 ans av.J-C. Les fromages de chèvre et de brebis apparaissent en premier, bien avant les fromages de vache car la domestication des bovins est de quelques milliers d'années plus tardive que celle des ovins et caprins.

Le mot "fromage" tire son origine de son moule : en latin, les faisselles se disent "forma" et la racine grecque, "formos", signifie également faisselle.

Les Romains se régalaient de fromages. On compte à cette époque pas moins de 13 variétés de fromages, dont les fromages à Pâte Pressée, les Romains ayant inventé le pressoir afin d'améliorer la technique d'égouttage. Dans son traité d'économie agricole (60-65 après J.-C.), Columelle explique avec précision sa technique de fabrication du fromage à Pâte Pressée. On raconte aussi que César dégusta un fromage bleu près de Roquefort-sur-Soulzon, là où est encore fabriqué aujourd'hui le plus connu des fromages à Pâte Persillée.

Malgré la période de l'après-ère romaine dévastatrice pour le continent (invasions, épidémies), certaines techniques fromagères ont subsisté dans les vallées et monastères reculés. C'est au Moyen-Age que le fromage se "démocratise" : les moines de divers ordres mettent au point des recettes qui existent encore aujourd'hui. Dans le Jura et les Alpes, certaines communautés de paysans montagnards se regroupent en "fruitières" afin de confectionner de gros fromages, idéal pour la conservation des propriétés nutritives du lait. Au VIIIème siècle, plusieurs régions ont déjà donné leurs noms à des fromages : la vallée de Munster, la région de Maroilles, la ville italienne de Gorgonzola...

C'est au XIIIème siècle que les fromages fermiers apparaissent : pour trouver d'autres sources de revenus et tirer le maximum de la production du lait, les paysans mettent au point de nouvelles variétés de fromages. Des coopératives se forment afin de mettre le lait en commun, la première coopérative date de 1267 à Déservilliers (France).

A chaque fromage son histoire, pour n'en citer que quelques-unes, celles du Morbier, du Reblochon et du Roquefort :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE MORBIER Le morbier

Le Morbier a plus de 2 siècles. Dans les fermes isolées du Doubs et du Jura, les paysans ne pouvaient pas livrer le lait à la fruitière du village, tant l'hiver était rude. Comme le lait d'un seul troupeau ne suffisait pas à la fabrication des imposantes meules de Comté (40 kg), les paysans ont alors fabriqué un fromage fermier plus petit, de 8 à 10 kg, en additionnant la traite du matin et celle du soir. Ils faisaient cailler le lait du matin, le mettaient en moule pour ensuite le recouvrir de cendre prise au "cul du chaudron", dans le but de protéger le pain de caillé. C'est ainsi que la fameuse raie noire est apparue. Le soir, ils recouvraient la première partie du fromage avec le lait caillé de la deuxième traite. Aujourd'hui, la célèbre raie noire est tracée avec du charbon végétal.

 

 

 

L'industrie du fromage à Pâte Fraiche fut lancée en France par Charles Gervais vers 1850 (fabrication des "petits suisses"). Avec la découverte en 1857 par Louis Pasteur de la pasteurisation, des collectes de lait s'organisent de plus en plus et l'industrie fromagère progresse. En 1890, Ridel invente la boîte en copeaux du camembert. Au début du XXème siècle, les premiers ferments de culture sont fabriqués, l'industrie est en plein essor (Léon Bel en 1921 avec "la vache qui rit", André Besnier en 1947 avec des camemberts - futur Groupe Lactalis, la famille Entremont dès 1948 avec l'emmental , Jean-Noël Bongrain en 1956 avec le "Caprice des Dieux").

En 1955, le comité national des Appellations d'Origine est créé. L'AOC, "Appellation d'Origine Contrôlée", est régie par une série de lois dont la première fut la loi de protection du lieu d'origine datant de 1919. Le premier fromage à avoir eu une Appellation Contrôlée fut le Roquefort.

 

Il existe en France, selon les estimations, 500 variétés de fromages (sans compter les fromages exclusivement locaux ou familiaux), dont 36 bénéficient d'une AOC.

La France est, de très loin, le pays du fromage.

 

 

 

 

 

 

 

Sources des photos (de haut en bas, de gauche à droite) : 1)"Brossage d'une roue de gruyère", Dictionnaire des fromages du monde, Pierre Androuët - 2) "vache", Internet, photo Marie-Paule Euzénat-Vintenat - 3)"Déchargement de meules de gruyère", La Vache Qui Rit, Fromageries BEL SA - 4)"D.Boujon, fromager, coupe une meule d'emmental", Encyclopédie des fromages, Kasuko Masui & Tomoko Yamada - 5)"Dessin à l'encre de Chine de Benjamin Rabier représentant une tête de boeuf de couleur brune", La Vache Qui Rit, Fromageries BEL SA - 6) "Montbéliardes", Internet, photo Julia Martin - 7)"Etiquettes de fromages", Internet, www.letyrosemiophile.com

 

 

LE REBLOCHON Le reblochon

L'histoire du Reblochon commence au 13ème siècle par une maraude clandestine. A l'époque, les propriétaires des terres, le plus souvent des moines ou des nobles, possédaient sur les paysans le droit "d'ociège" (droit perçu par les propriétaires sur l'exploitant de l'alpage). Cette redevance, perçue une fois par an, était basée sur le nombre de pots de lait produits en un jour par le troupeau. Les paysans devaient rétribuer leur propriétaire sur la quantité de lait produite en une journée. Au moment du contrôle, ingénieusement, le fermier pratiquait une traite incomplète pour payer moins de location. Dès le départ du contrôleur, il procédait à une seconde traite. Le lait ainsi obtenu n'était pas très abondant, mais très riche en crème et parfait pour en faire un fromage. Le Reblochon doit ainsi son nom à cette petite fraude, appelée localement la "Rebloche", car en patois "Re-blocher" signifie pincer les pis de la vache une deuxième fois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE ROQUEFORT Le roquefort

Au début de notre ère, les Romains faisaient grand cas de ce fromage aux arômes délicats, bien qu'il ne s'appelât pas encore Roquefort. La légende raconte l'histoire d'un jeune pâtre qui gardait ses brebis au pied du Massif de Combalou. Alors qu'il se reposait dans une grotte prêt à déguster une galette de seigle et un morceau de fromage de brebis, il vit passer une charmante bergère. Sans hésiter, il déposa son repas dans un recoin de la grotte et, l'oubliant totalement, poursuivit la belle. Le jeune homme retrouva la galette deux lunaisons plus tard. Il remarqua qu’ayant moisi, le pain était devenu bleu et que le morceau de fromage de brebis était lui aussi recouvert de veines d'un vert bleuté. Affamé, il croqua à pleines dents et le fringuant berger trouva le mets fort à son goût...

Cave à Roquefort

"Cave principale à Roquefort", Encyclopédie des fromages, Kasuko Masui & Tomoko Yamada